LE FACTAGE PLM / SNCF / SERNAM / LA POSTE
Il convient en préambule de rappeler que c’est notre Président François BECCHI qui disposait d’une entreprise personnelle, ayant pour objet la correspondance du PLM à Nice. C’est ensuite en 1919 lors de l’association de cette entreprise avec la Maison MARTINI (propriété de son Epouse Vincentine née Martini) qu’est créée la Société Anonyme MARTINI & CIE.
A cette époque, les livraisons se faisaient essentiellement à charrettes tirées par des chevaux. Le CA du 28/02/1920 nous indique que « les tarifs des transports de la guerre qui étaient de 3 à 4,5 Francs la tonne, sont portés de 7,50 à 11,25 F/Tonne. Le CA du 07/08/1920 précise également le montant de 11 F/Tonne pour les livraisons de tabac, et 16,50 F/T pour les autres colis. A cette période est achetée une 2ième camionnette FIAT 15 Ter au prix de 11.000 Francs. Puis en 1923/24 il est noté l’achat de nombreux chevaux et camionnettes, complétés par 2 plateformes pour 3.000 Francs. Fin 1924, devant l’accroissement du trafic, il est décidé la location de chevaux au prix de 150 Francs par mois par cheval.
Le CA du 24/05/1924 nous informe d’une augmentation des tarifs de livraison PLM de 25% pour la 1ière zone (intra-ville) et 50% pour la 2ième zone (extérieur). Celui du 27/05/1925 augmente encore les tarifs de 50% pour la 1ière zone et 100% pour la seconde.
Le matériel est complété par 6 chevaux et 1 camion (CA 04/08/1925), une camionnette FIAT pour la livraison des colis de LA POSTE (CA 30/01/1926), un camion BERLIET d’occasion au prix de 10.000 Francs (CA 27/02/1926) et deux camionnettes pour les colis postaux (CA 06/03/1926).
Il est constaté une nouvelle augmentation des tarifs PLM (CA 08/05/1926) réajustés de 60 à 75% selon les zones. Le CA du 15/01/1927 nous précise l’achat d’une camionnette BERLIET pour 25.700 Francs affectée au service bagages (livraison des bagages de la gare et ceux des paquebots), puis celui du 26/03/1927 pour l’achat d’un BERLIET 5 tonnes pour 48.975 Francs.
Le CA du 20/06/1932 nous apprend que le PLM désire nous confier la correspondance de ST RAPHAEL (83), mais cette offre est déclinée par MARTINI & CIE (CA 03/07/1932) demandant un temps de réflexion.
Les colis postaux sont maintenant livrés à domicile (CA du 30/09/1933), alors que ces derniers étaient mis à la disposition des clients dans nos différents bureaux de ville. En 1934 est subtilisé dans le cadre de ce service de colis postal un lot de sacs d’or pour un montant de 435.884 Francs (CA du 14/06/1934). Après enquête au civil et au commercial, la responsabilité de MARTINI & CIE est écartée, et aucune faute n’est attribuée à nos employés. L’épilogue de cette affaire trouve son issue par le paiement d’une forte indemnité de remboursement par l’entreprise (AGO du 14/12/1953).
Le PLM demande à notre société de reprendre sa correspondance à Toulon (CA du 08/02/1936), mais après de nombreux échanges le CA du 22/06/1942 nous apprend que l’étude d’implantation de notre société dans cette ville et parallèlement la demande de réajustement de justes prix auprès du PLM n’ont pas permis de donner une suite favorable.
Courant 1940, notre société « met à disposition au cours de cette année de nombreux camions à la région frontière pour la démilitarisation des ouvrages (parcours total = 12.000 Kms) ».
En 1942, nous devons faire face à de nombreuses réquisitions de matériel par les autorités occupantes, ce qui perturbe grandement les livraisons. Parallèlement il y a de plus en plus de difficulté pour obtenir la nourriture de la cavalerie (certains chevaux faute de nourriture sont abattus !...).
Le CA du 21/11/1942 dit que « les facilités données aux particuliers de recevoir jusqu’à 100 Kgs de pomme de terre provoque une arrivée massive de sacs en gare ». Mr Raymond BRESSE (époux de Gilberte née BECCHI) est nommé directeur des services du factage et du groupage (CA 14/04/1943).
A la demande de la SNCF, l’un de nos collaborateurs prend la direction de la correspondance de ST RAPHAEL (CA du 13/11/1943).
Une AGO du 27/12/1950 cite Antoine BELGRAND et Edouard PIERRACCI comme chefs de service de cette importante activité pour notre société, lesquels resteront en activité jusqu’en 1975/1977.
L’AGO du 20/12/1954 évoque les nombreuses grèves de la SNCF ayant eu des répercussions importantes sur la rentabilité du factage et du camionnage.
L’AGO du 11/05/1965 précise le contour géographique régional de la SNCF rive droite du Var avec communauté de moyens entre Antibes/Grasse et Cannes. MARTINI & CIE est de facto correspondant pour ces trois villes.
Le CA du 05/09/1969 constate de grosses difficultés tant en matériel que financièrement et envisage de dénoncer le contrat avec la SNCF ou la SCETA.
Le CA du 29/06/1970 nous apprend que le service SNCF et SCETA va passer au SERNAM à effet du 01/10/1970, et nous espérons ainsi avoir un interlocuteur plus favorables à nos demandes (ce service présentant de manière récurrente des pertes). Il est à noter que dès 1919, notre société doit sans cesse demander un juste rééquilibre des frais de livraisons avec nos propres coûts d’exploitation. Chaque fois nous obtenons gain de cause, mais toujours avec un décalage qui reste préjudiciable.
En définitive, le CA du 24/12/1976, décide de mettre en demeure le SERNAM de réajuster fortement nos prix, ou à défaut de voir notre contrat rompu à effet du 01/03/1977. Surpris, et pour tout dire désemparés, ces derniers nous proposent 15% d’augmentation, mais nous jugeons à l’époque cette proposition insuffisante pour couvrir nos frais de structure. Ainsi cette date, marque la fin définitive de la correspondance PLM, SNCF, SCETA, SERNAM par notre société.
Existait-il une solution ?
Naturellement il est plus facile de répondre à cette question aujourd’hui avec le recul nécessaire, néanmoins la réponse paraissait évidente dès 1938 (CA du 19/05) qui nous renseigne sur notre demande d’opérer la manutention en gares de Nice, Cannes et Menton. La réponse fut sans doute négative car plus aucun texte n’évoque cette question.
Il faut être en effet dans une « logique de fonctionnaire » pour comprendre l’aberration de séparer la fonction de déchargement des wagons et la mise à quai d’une part, de celle de procéder à la livraison d’autre part. Or, si ces deux fonctions avaient été liées, il y a de fortes chances que nous serions toujours, non seulement le correspondant du SERNAM/SNCF, mais aussi le 1er groupeur/dégroupeur de la région.
En effet, rappelons que dès les années 1920, la Maison MARTINI & CIE était un important groupeur, en prolongement de son service camionnage, notamment sur la vallée du Rhône, la région de Bordeaux, celle de Paris, mais aussi vers et depuis l’Italie du Nord.
Considérant aussi que 3 services coexistaient au sein de l’entreprise (Factage – Express – Groupage) éloigné géographiquement (Gare St Roch, Gare Thiers, Quai V), et que par une nouvelle aberration se trouvaient souvent 3 camions de ces différents services livrant en même temps le même client ( !!!...).Il est aisé de comprendre que nous aurions pu réunir ces services sur les quais de St Roch, et utiliser ces derniers pour nos propres groupages, rendant de la sorte ces 3 services rentables et efficaces. CQFD, mais trop tard !