Un simple et très bref rappel pour repositionner ces deux activités :
- Le transitaire peut être qualifié d’ « architecte du transport international ». Celui qui construit le meilleur moyen et la meilleure voie pour l’acheminement de la marchandise qui lui a été confiée, en sous-traitant tout ou partie de sa mission.
- Le commissionnaire en douane (agréé par le ministère sous le n° 2157 en ce qui concerne la maison MARTINI & CIE) est celui qui présente en douane la marchandise (à l’export ou à l’import) et agit en tant que mandataire pour le compte de son client pour apurer les documents et payer les droits de douane.
Il est donc difficile ici de séparer ces deux activités, d’autant qu’au tout début de l’exploitation de la maison MARTINI &CIE, l’agence en douane a été une activité importante (alors liée à l’activité d’agence maritime sur le port de Nice).
Malheureusement pas d’archive de cette époque, si ce n’est celle d’un assignat de dédouanement datant du 28 avril 1869, délivré par les « MESSAGERIES IMPERIALES » à Monsieur MARTINI « expéditionnaire en douane ». Ce document est d’ailleurs le plus ancien de la société que nous ayons conservé.
En 1921 les permis en douane sont délivrés au nom de la société MARTINI & CIE, alors qu’auparavant ils l’étaient au nom propre de François BECCHI (le Président de la société). Sans doute antérieurement à cette époque le chef d’entreprise était-il nommément le déclarant ( ?).
Un CA du 02/10/1922 nous indique, qu’à la suite d’un voyage du Président François BECCHI en Autriche, notre société est nommée agent de SCHENKER pour Nice et Vintimille.
En 1932 (CA du 20/01), la Maison GONDRAND nous désigne son représentant officiel pour la douane et le transport, nous confiant ainsi la totalité de leurs opérations (dans les livres comptables dès 1919, de nombreuses opérations sont signalées avec GONDRAND Italie, mais il semble que 1932 marque l’exclusivité de cette représentation).
Le CA du 10/11/1935 nous renseigne sur le décret du 30 octobre règlementant la profession de commissionnaire en douane. Le CA du 10/12/1935 précise que le Journal Officiel autorise notre société à pouvoir acquitter les droits et timbres par abonnement.
Enfin le CA du 20/04/1936 dit que le décret de commissionnaire en douane de MARTINI & CIE est passé au JO, et que notre agrément portera le numéro 2157.
Un bref retour sur ces 2 dernières années, pour évoquer le projet d’installation d’un bureau à MODENA pour le trafic des primeurs (CA 20/04/1935) et celui de correspondance officiel de la Sté PUTHET & CIE de Lyon pour leurs opérations sur Nice et Vintimille (CA 05/03/1936).
Il est par ailleurs envisagé de créer un groupage régulier par train pour le trafic de fleurs en exclusivité depuis Nice à destination de Turin et Milan, mais aussi à destination des grands marchés européens Paris, Londres et Berlin (CA du 17/07/1939). Il est dit dans les archives que la société MARTINI & CIE aurait disposé à un moment donné (dates ??), d’un bureau spécialement dédié à ce trafic, qui se serait situé près du marché au fleur du cours Saleya de Nice.
Le CA du 30/04/1940 nous apprend le décès de Mr A. GONDRAND, PDG des sociétés GONDRAND, ami personnel de notre PDG Mr François BECCHI.
Il est évoqué (CA 08/04/1941) un important trafic de dédouanement de vin, dont il est précisé que ce dernier était déjà très ancien et était l’une des spécialités de notre métier.
A la suite de la visite à Bourg / Bellegarde / Annemasse de la maison DANZAS, notre société devient officiellement (CA du 19/06/1941) représentant officiel des maisons DANZAS, GONDRAND, et LACOMBE pour les primeurs et fruits en provenance d’Italie.
MARTINI & CIE devient d’ailleurs le représentant officiel de DANZAS pour toutes les opérations à Nice.
L’AGO du 11/05/1965 parle déjà « de l’élimination progressive des Commissionnaires en Douane, du fait de la simplification des procédures douanières à cause de la CEE », mais aussi de «la création de centres douaniers hors limite des frontières ».
L’AGO du 30/03/1966 nous renseigne sur les délais de paiement des clients, de 60 à 120 jours, alors même que les échéances de paiement des droits de douane sont au maximum de 30 jours. Cette différence pesant lourdement sur notre trésorerie.
Notre société, représentante locale de très nombreux confrères du monde entier, avait une forte présence sur ces 2 métiers, tant à l’import qu’à l’export, et organisant de petites ou grosses opérations d’expéditions internationales. De même, organisateur du transport/transit de nombreuses foires ou exposition, tant à Nice qu’à Cannes.
Les opérations de douane ont fonctionnées jusqu’en 1978/1979, années durant lesquelles la société a du vendre plusieurs agences et cesser certaines activités, pour faire face a ses gros problèmes financiers, et sauver ainsi ce qui pouvait l’être des TRANSPORTS MARTINI & CIE.
La société disposait jusqu’à cette époque de gros crédits en douane, tant aux bureaux de NICE (notamment PORT, AEROPORT et ST AUGUSTIN), que ceux de CANNES, MENTON et VINTIMILLE.
Anecdote :
Nous recevions, ce qui paraitrait invraisemblable aujourd’hui, des paquets en simple recommandé contenant … des bijoux en or, parfois pour des sommes très importantes. Ces paquets, donc parfaitement anonymes, nous parvenaient pour le compte de bijoutiers (j’ai en mémoire par exemple BARICHELLA à Nice), et nous avions la charge de les dédouaner, car ils provenaient de divers pays. Pour ce faire, nous devions aller auparavant les faire poinçonner à « la garantie » rue Berlioz à Nice, ce que notre coursier faisait… le plus simplement du monde, les transportant dans la sacoche de son cyclomoteur !
La Douane et Nous :
C’est une très longue histoire commune, puisque celle-ci remonte à l’année 1808 où un membre de notre famille était Lieutenant de la douane impériale, et ce de manière ininterrompue (directement ou pour par société interposée) jusqu’en 2003 où j’exerçais en tant que dernier Courtier Maritime du port de Nice. Une très longue et fidèle histoire de 200 ans !...