Société Générale de Manutention

Cette société sœur avait pour objet l’acconage de la TRANSAT sur le port de Nice. La date de création est sans doute celle du transfert du service corse de la Cie FRAISSINET à la Cie Générale Transatlantique dans les années 1948. A moins que ce service existât préalablement avec FRAISSINET ?

Seule certitude : les livres comptables de MARTINI & CIE citent comme créancier la SGM en 1950.

Toutefois, l’AGO du 29/11/1951 indique la constitution d’une SARL SGM avec comme premiers gérants : Messieurs Amédée CROZE-MARTINI et François BELGRAND. La SGM aurait donc été une simple coquille de moyen avant de devenir ainsi indépendante juridiquement ( ?). Cette assemblée nous apprend par ailleurs que le bénéfice de cette société serait distribué à 90% aux TRANSPORTSMARTINI et le reste à 50/50 entre ses 2 co-gérants.

L’exploitation de ce service (acconnage) consistait à l’embauche de dockers professionnels (carte G) pour les besoins des navires reliant le continent à la Corse. La paye se faisait journellement en liquide. Il y avait jusqu’à 80 dockers employés. Cette société poursuivra son exploitation jusqu’à la fin de l’année 1975, date à partir de laquelle ce service fut repris directement en exploitation par la SNCM.


« L’anecdocte »

Il y a naturellement beaucoup d’anecdotes sur ces embauches « à la cloche » par demi-journée, mais je retiendrais personnellement celle des évènements de 1968, dont chacun se souvient du mois de Mai.

Les dockers niçois refusant d’opérer les navires de la TRANSAT, mon Père proposa de procéder aux escales à Monaco avec des dockers « jaunes » (comprendre ceux qui voulaient continuer à travailler). Rappelons que le Général de Gaulle avait remis une frontière (avec douaniers !) entre la France et la Principauté, et les opérations pouvaient donc se traiter sur le sol étranger. Ainsi se passèrent les journées de grève… Sauf que durant ce laps de temps, mon Père ayant reçu de cette situation des menaces de mort, nous fumes gardés jour et nuit par un car de CRS, et les mûrs du port de Nice se trouvèrent décorés en immenses lettres du TAG « Croze = Napoléon » !...

« Mon souvenir »

Enfant, j’adorais accompagner mon Père le dimanche matin sur le port de Nice, pour assister et surveiller l’embarquement des voitures à destination de la Corse.

A cette époque, il n’existait pas de car-ferry à « manutention horizontale », mais seulement des cargos avec passagers ² qui étaient chargés « verticalement » par des grues portuaires ou par le mât de charge du navire. La SGM étant acconier de la TRANSAT, les dockers qu’elle employait étaient donc chargés de cette manutention. La voiture était positionnée sur un grand filé en corde, puis 4 dockers posaient sous les 4 roues du véhicule de grosses pinces. Ainsi doublement sécurisée l’auto était grutée du quai à la calle du navire. Là une deuxième équipe de dockers parquaient la voiture en la poussant à la main (moteur coupé pour les échappements de gaz) et l’arrimaient solidement pour la traversée.

² Il est fait ici référence au cargo mixte (fret / passagers) SAMPIERO CORSO de la TRANSAT (de 1951 à 1964) qui était amarré au quai Papacino à Nice (juste en face du bureau des TRANSPORTS MARTINI S.A.). Il existait une gare maritime pour les passagers, qui a été détruite lorsque le trafic Corse a été transféré au quai du commerce.